Duangkamon Srisitthichuchart
mercredi 27 février 2008
le nouvelle
Jacques Chirac, le retourde «l'homme de la terre»
C'est son jardin. Son grand «moment de l'année», comme il aime à le répéter. Au Salon de l'agriculture, Jacques Chirac joue à domicile depuis quarante ans. C'est sous un crachin hivernal que l'ex-chef de l'Etat et ancien ministre de l'Agriculture a été accueilli mardi matin sur le tapis rouge du Parc des expositions de Paris. Avant d'entamer un long marathon gastronomique qui tranche avec la visite éclair de Nicolas Sarkozy trois jours plus tôt.
Entouré d'une nuée de cameramen et de photographes, il n'a pas le temps de faire quelques pas, et c'est déjà la cohue monstre. Quelques journalistes sont éjectés au milieu des vaches et du foin. «C'est pire que quand il était président, sa notoriété reste intacte», constate Lionel, 21 ans de Salon sur son stand Blonde Aquitaine. Une arrivée mouvementée qui agace toutefois quelques badauds n'arrivant pas à approcher le président, à qui on présente Volcan, une bête de race limousine de 1220 kg.
«Démarche sincère»
Accompagné d'un de ses proches, le député UMP de Seine-et-Marne Christian Jacob, Chirac distribue des poignées de mains à grands coups de «comment ça va ?», claque des bises à des fillettes, ne refuse aucun autographe. Infatigable. Souriant. «Très heureux de vous revoir Monsieur le président», lui lance une jeune femme, à qui il répond spontanément : «Ça me fait bien plaisir également !»
Une proximité rodée, mais appréciée. «Il n'est plus aux affaires en France, mais sa démarche est sincère. On espère qu'il reviendra sur la scène européenne pour relever les défis de l'insuffisance alimentaire, et de la réforme de la PAC (politique agricole commune, ndlr)», confie Nicolas Lassalle, éleveur sur la Montagne noire dans l'Aude, béret noir, polo violet et barbe grisonnante de trois jours. A deux mètres de lui, bousculé sans arrêt, un officier de sécurité sue à grosses gouttes : «Quatre heures d'effort, c'est un bon entrainement !»
Une bière avec Kouchner
Quelques «Chirac président» ou des plus familiers «Jacquot», accompagnés de timides applaudissements, se font encore entendre. L'ex-chef de l'Etat avale un grand verre de lait aromatisé et plusieurs bouts de fromage AOC du Cantal offerts par le maître fromager Cyrille Lorho, meilleur ouvrier de France 2007. Ce dernier jubile : «Chirac, c'est quelqu'un qui mange, qui goûte tout, c'est l'homme de la terre !»
Après une heure trente de déambulation, il s'engouffre finalement pour déguster - à huis-clos - des tranches de jambon au Club des amis du cochon. Dans le hall suivant, place aux pommes AOC du Limousin. «Ce sont les meilleures !», lance-t-il aux producteurs de son ancien fief électoral de Corrèze. Jacques Chirac, qui avoue que sa retraite se passe «super» bien, a promis de revenir l'année prochaine. Avant de partir, il n'a toutefois pas raté l'occasion de savourer une bonne bière sur le stand de la FNSEA, en compagnie de Michel Barnier et Bernard Kouchner.